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LES MILLE ET UNE NUITS,

sez d’huile toute bouillante, depuis le premier jusqu’au dernier, pour les étouffer et leur ôter la vie, comme elle la leur ôta.

Cette action digne du courage de Morgiane, exécutée sans bruit, comme elle l’avoit projeté, elle revient dans la cuisine avec la chaudière vuide, et ferme la porte. Elle éteint le grand feu qu’elle avoit allumé, et elle n’en laisse qu’autant qu’il en faut pour achever de faire cuire le pot du bouillon d’Ali Baba. Ensuite elle souffle la lampe, et elle demeure dans un grand silence, résolue à ne pas se coucher qu’elle n’eût observé ce qui arriveroit, par une fenêtre de la cuisine qui donnoit sur la cour, autant que l’obscurité de la nuit pouvoit le permettre.

Il n’y avoit pas encore un quart d’heure que Morgiane attendoit, quand le capitaine des voleurs s’éveilla. Il se lève, il regarde par la fenêtre qu’il ouvre ; et comme il n’aperçoit aucune lumière et qu’il voit régner un grand repos et un profond