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CONTES ARABES.

près pour se faire entendre, comme il ne vouloit être entendu que d’elle seule, il lui dit d’un ton bas, et d’un air respectueux :

« Princesse, je ne suis pas médecin. Reconnoissez, je vous en supplie, le prince de Perse qui vient vous mettre en liberté. »

Au ton de voix et aux traits du haut du visage qu’elle reconnut en même temps, nonobstant la longue barbe que le prince s’étoit laissé croître, la princesse de Bengale se calma, et en un instant elle fit paroître sur son visage la joie, que ce que l’on desire le plus et à quoi l’on s’attend le moins, est capable de causer quand il arrive. La surprise agréable où elle se trouva, lui ôta la parole pour un temps, et donna lieu au prince Firouz Schah de lui raconter le désespoir dans lequel il s’étoit trouvé plongé dans le moment qu’il avoit vu l’Indien la ravir et l’enlever à ses yeux ; la résolution qu’il avoit prise dès-lors d’abandonner toute chose pour la chercher en quelqu’endroit de la terre qu’elle pût