Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, VII.djvu/27

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
19
CONTES ARABES.

Le marchand ne dit autre chose pour sa défense que ce qu’il avoit déjà dit à Ali Cogia, et en présence de ses voisins ; et il acheva en disant qu’il étoit prêt à affirmer par serment, non-seulement qu’il étoit faux qu’il eût pris les mille pièces d’or, comme on l’en accusoit, mais même qu’il n’en avoit aucune connoissance. Le cadi exigea de lui le serment ; après quoi il le renvoya absous.

Ali Cogia extrêmement mortifié de se voir condamné à une perte si considérable, protesta contre le jugement, en déclarant au cadi qu’il en porteroit sa plainte au calife Haroun Alraschild, qui lui feroit justice ; mais le cadi ne s’étonna point de la protestation, il la regarda comme l’effet du ressentiment ordinaire à tous ceux qui perdent leur procès, et il crut avoir fait son devoir en renvoyant absous un accusé contre lequel on ne lui avoit pas produit de témoins.

Pendant que le marchand retournoit chez lui en triomphant d’Ali Cogia avec la joie d’avoir ses mille