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LES MILLE ET UNE NUITS,

« Vous vous l’attirez vous-même l’affront, dit alors Ali Cogia en prenant le marchand par le bras ; mais puisque vous en usez si méchamment, je vous cite à la loi de Dieu : voyons si vous aurez le front de dire la même chose devant le cadi. »

À cette sommation, à laquelle tout bon Musulman doit obéir, à moins de se rendre rebelle à la religion, le marchand n’eut pas la hardiesse de faire résistance.

« Allons, dit-il, c’est ce que je vous demande : nous verrons qui a tort de vous ou de moi. »

Ali Cogia amena le marchand devant le tribunal du cadi, où il l’accusa de lui avoir volé un dépôt de mille pièces d’or, en exposant le fait de la manière que nous le venons de voir. Le cadi lui demanda s’il avoit des témoins. Il répondit que c’étoit une précaution qu’il n’avoit pas prise, parce qu’il avoit cru que celui à qui il confioit son dépôt, étoit son ami, et que jusqu’alors il l’avoit reconnu pour honnête homme.