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Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, VII.djvu/52

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LES MILLE ET UNE NUITS,

tif du royaume, ne l’entendit qu’avec indignation. Le roi pensa tout autrement, et il crut qu’il pouvoit sacrifier la princese de Perse à l’Indien pour satisfaire sa curiosité. Il balança néanmoins, avant de se déterminer à prendre ce parti.

Le prince Firouz Schah qui vit que le roi son père hésitoit sur la réponse qu’il devoit faire à l’Indien, craignit qu’il ne lui accordât ce qu’il demandoit : chose qu’il eût regardée comme également injurieuse à la dignité royale, à la princesse sa sœur, et à sa propre personne. Il prit donc la parole, et en le prévenant :

« Sire, dit-il, que votre Majesté me pardonne si j’ose lui demander s’il est possible qu’elle balance un moment sur le refus qu’elle doit faire à la demande insolente d’un homme de rien, et d’un bateleur infâme, et qu’elle lui donne lieu de se flatter un moment qu’il va entrer dans l’alliance d’un des plus puissans monarques de la terre ! Je la supplie de considérer ce qu’elle se doit non-seulement