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LES MILLE ET UNE NUITS,

seyez-vous, lui dis-je, je vais vous compter les mille sequins. « « Je suis déjà payée et au-delà, dit-elle aussitôt. » « Comment, lui dis-je, quel est ce discours ? »

« Depuis long-temps, reprit-elle avec vivacité, je suis violemment éprise de vous ; mon amour est si grand, que je ne puis dormir. Nuit et jour je pense à vous, et rien ne peut me distraire. Laissez-moi seulement prendre un baiser sur votre joue, et je m’en irai aussitôt. » « Quoi, lui dis-je, sans recevoir le prix de la cassolette ? « « Encore une fois, répondit-elle, je suis payée et au-delà. » « Il faut que tu sois bien aimé de cette femme, dis-je en moi-même, pour qu’elle te fasse présent de mille sequins seulement pour obtenir de toi un simple baiser ! » Puis, lui adressant la parole, je lui dis :

« Madame, je ne puis vous refuser une chose aussi légère, et à laquelle vous paroissez attacher tant de prix. Je souhaite que ce baiser calme votre cœur, et vous fasse re-