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CONTES ARABES.

y allâmes ; je me rendis de là au marché ; j’ouvris ma boutique, et repris mon commerce, pour tâcher de me distraire. Mais ce genre de vie, ces occupations n’avoient plus pour moi le même agrément.

» Le chagrin, l’ennui altérèrent insensiblement mon humeur. Tout ce que faisoient les gens de la maison me déplaisoit. Je grondois l’un, je battois l’autre ; je criois après celle-ci, je maltraitois celle-là. Une esclave m’avoit un jour servi du riz. J’en goûtai sur-le-champ, et me brûlai. Je me mis en colère, et pris le plat pour le jeter à la tête de l’esclave. Ma mère voulut me retenir le bras, je la repoussai rudement. Mon père indigné se leva ; je le menaçai de le frapper lui-même. Il ne douta plus alors que je ne fusse fou : il me fit lier par les domestiques, et conduire devant le juge. On attesta que j’étois fou, et je fus amené ici. On me mit d’abord une chaîne[1] au

  1. Genzir, du mot perrsan zengir.