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CONTES ARABES.

qu’aux talons. Étonné de ce phénomène, il jette un regard sur toute sa personne, et s’aperçoit qu’il est totalement métamorphosé en femme. « Peste soit du divertissement, dit-il en lui-même ! Un visir changé en femme est certainement une chose fort extraordinaire ; mais qu’avois-je besoin de voir s’opérer en moi pareille merveille ? Toutefois rien n’arrive en ce monde que par la permission de Dieu : nous lui devons l’être, et nous retournerons un jour en lui[1]. »

Tandis que le visir réfléchissoit ainsi à son aventure, un pêcheur s’avança, et lui mettant la main sur l’épaule : « Heureuse journée, dit-il ; je ne m’attendois pas à une pareille capture ! La charmante personne ! C’est une fille de la mer, et le ciel me l’envoie tout exprès pour que je la donne en mariage à mon fils : un pêcheur ne peut trouver une femme qui lui convienne

  1. Formules tirées du Coran, dons les Mahométans se servent ordinairement pour s’exhorter à la résignation.