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LES MILLE ET UNE NUITS,

mieux. »« Quoi, dit le visir, ayant entendu ces paroles, après avoir été visir je deviendrois la femme d’un pêcheur ! Est-ce là le sort auquel je devois m’attendre. Qui donnera maintenant des conseils au calife ? Qui gouvernera son empire ? Mais Dieu est le maître des événemens ; il faut se résigner à sa volonté. »

Le pêcheur étoit si content de la rencontre, qu’il ne songea pas à pêcher selon sa coutume. Il emmena avec lui la fille de la mer, et la conduisit à sa cabane, qui étoit peu éloignée du rivage. « Bonne fortune, dit-il à sa femme en entrant ; depuis long-temps je fais le métier de pêcheur, et jamais je n’ai été aussi heureux qu’aujourd’hui ! Je viens de prendre une fille de la mer. Où est notre enfant ? Cette femme est faite exprès pour lui, et je veux la lui donner en mariage. » « Il est allé mener paître la vache et la faire labourer, dit la femme du pêcheur. Dans un moment il sera ici. » Le jeune homme arriva effectivement peu après.