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LES MILLE ET UNE NUITS,

mémoire heureuse, il y fit d’abord les plus grands progrès, et surpassa bientôt les espérances qu’on avoit conçues de lui. Hicar lui enseignoit lui-même la sagesse, plus difficile à acquérir que toutes les autres sciences, et cherchoit l’occasion de le faire connoître au roi. Cette occasion se présenta bientôt d’elle-même.

Sencharib s’entretenant un jour avec son visir, lui dit : « Mon cher Hicar, modèle de tous les ministres, mon fidèle conseiller, dépositaire de mes secrets, soutien de mon empire, les hommes tels que toi devroient être immortels ; mais je vois avec peine que tu es dans un âge avancé ; ta vieillesse me fait craindre pour tes jours : et qui pourra te remplacer auprès de moi ? »

« Prince, répondit Hicar, ce sont les monarques tels que vous qui devroient être immortels. Quant à moi, vous pourrez aisément me remplacer. Je vous ai quelquefois parlé du fils de ma sœur, de Nadan ; je l’ai élevé dès l’enfance, je lui ai enseigné ce