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CONTES ARABES.

« Ô Abousaber, tu as perdu par ta patience, ton bien, tes enfans, ta femme enfin, qui t’étoit plus chère que tout ! Te voilà seul, et nous verrons à quoi te servira ta patience. »

» Le cavalier ne lui laissa pas le temps d’en écrire davantage : il la prit en croupe, et s’enfuit avec elle.

» Abousaber étant de retour, et ne voyant pas sa femme, lut ce qui étoit écrit sur le sable. Il se mit à pleurer, et s’assit, accablé de chagrin. « Abousaber, dit-il en lui-même, c’est à ce moment qu’il faut plus que jamais t’armer de patience ; mais peut-être tu es réservé à quelqu’épreuve encore plus rude. » Se levant ensuite, il marcha comme un homme égaré, et sans savoir ou il alloit. Il arriva dans un endroit ou l’on faisoit travailler les gens par corvée à bâtir un palais pour le roi.

» Aussitôt qu’on vit Abousaber, on le prit, et on lui dit de travailler avec les autres à bâtir le palais, ou qu’il alloit être mis en prison pour toute