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CONTES ARABES.

donner, étoit le seul dont il ne faisoit jamais usage.

» Un jour que le roi Beherkerd étoit à la chasse, une flèche tirée imprudemment derrière lui, l’atteignit et lui emporta l’oreille. Le roi transporté de fureur, ordonna aussitôt qu’on cherchât et qu’on lui amenât le coupable. C’étoit un jeune officier qui, ayant vu lui-même l’effet de sa flèche, s’étoit évanoui, et étoit tombé par terre sans connoissance : on l’apporta dans cet état aux pieds du roi, qui ordonna qu’on le mit à mort. Le jeune officier qui avoit un peu repris ses esprits, se prosterna devant le roi lorsqu’il entendit prononcer sa sentence, et lui dit :

« Sire, la faute que je viens de commettre est l’effet d’une inadvertance, et non un dessein prémédité de ma part. Vous pouvez me pardonner, j’implore votre clémence. Pardonner est la plus belle action qu’un grand roi puisse faire. Celui qui pardonne est souvent récompensé