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LES MILLE ET UNE NUITS,

que leur perte ne fût assurée, s’abandonnoit à la douleur, et versoit des torrens de larmes. Le jeune prince au contraire l’exhortoit à la patience, et lui représentoit l’inutilité de ses gémissemens et de ses plaintes.

« Prince, lui dit l’esclave, ce n’est pas l’image de ma mort qui fait couler mes larmes, c’est votre sort, c’est celui de votre mère que je déplore. Après les malheurs que vous avez éprouvés, les maux que vous avez soufferts, faut-il que vous périssiez par une mort aussi affreuse et aussi inattendue ! » « Tout ce qui m’est arrivé, répondit le prince, étoit écrit dans un livre dont rien ne peut être effacé. Le reste de ma destinée est pareillement fixé ; et si le terme de mes jours est arrivé, aucune puissance ne pouvoit le retarder. »

» Deux jours et deux nuits s’étoient écoulés depuis qu’ils étoient dans cette affreuse situation : la faim avoit presque entièrement épuisé leurs forces, et il ne leur restoit plus qu’un souffle de vie, lorsque la Providence, qui