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CONTES ARABES.

fureur, ordonna qu’on amenât la princesse de Perse, et qu’on leur tranchât la tête à tous deux. La princesse se tournant vers Alaeddin, lui dit : « Quelle raison vous engage à avancer faussement que vous avez vu mon visage, et à me faire périr avec vous ? » « C’est le destin qui nous perd, répondit Alaeddin, je voulois dire que je n’ai rien vu de votre visage : l’erreur de ma langue cause notre mort. »

On fit mettre, selon l’usage observé dans les exécutions, Alaeddin et la princesse sur le tapis de cuir appelé le tapis de sang ; on déchira le bord de leurs habits, et on leur banda les yeux. L’exécuteur tourna autour d’eux, en disant : « Le Commandeur des croyans ordonne-t-il que je frappe ? » « Frappe, dit le calife. » L’exécuteur tourna une seconde fois, en prononçant la même formule, à laquelle le calife répondit par le même mot. Enfin l’exécuteur en tournant pour la troisième et dernière fois, dit à Alaeddin : « Avez-vous quelque