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LES MILLE ET UNE NUITS,

chose à me recommander avant que le calife ait prononcé pour la troisième fois votre arrêt ; car, dès qu’il l’aura prononcé, votre tête tombera aussitôt par terre ? »

« Je voudrois, dit Alaeddin, que vous ôtassiez ce bandeau de dessus mes yeux, afin de voir encore une fois mes amis : vous ferez ensuite ce que vous voudrez. » Lorsque le bandeau fut ôté, Alaeddin regarda autour de lui, et ne vit que des visages consternés. Tous les yeux étoient baissés par respect pour le calife, et personne n’eût osé dire un mot. Au milieu de ce silence, le malheureux Alaeddin éleva la voix, et dit au calife :

« Commandeur des croyans, j’ai quelque chose d’important à vous révéler. » « Qu’est-ce que c’est, dit le calife ? » « Différez, dit Alaeddin, notre supplice de trois jours, vous verrez les choses du monde les plus extraordinaires. » « J’y consens, dit le calife ; mais si dans trois jours je ne vois pas ces choses extraordinaires, rien ne pourra vous soustraire à la mort. »