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CONTES ARABES.

Ensuite il demanda à la vieille le nom de sa fille, de son père et de son grand-père.

La vieille se mit alors à gémir et à se lamenter. « Malheureuses que nous sommes, dit-elle, si son père vivoit, ce voleur n’auroit pas osé mettre le pied dans cette maison, à plus forte raison prétendre à la main de ma fille ! Mais la mort de mon mari me réduit à cette extrémité. » « Dieu prend pitié des infortunés et des orphelins, dit le cadi, en écrivant. » À chaque nouvelle question, la vieille recommençoit à se lamenter de plus belle. Le cadi secouoit la tête, avoit peine à se contenir, et le calife rioit de tout son cœur.

Le contrat achevé, le cadi coupa le bas de sa robe où il étoit écrit, et se leva pour s’en aller ; mais ne voulant pas paroître dans les rues avec une robe coupée, il l’ôta, et pria la vieille de la donner à quelqu’un à qui elle pût encore servir. Comme il sortoit, la vieille dit au calife : « Est-ce que vous ne donnez rien au cadi, qui est