Page:Les Partisans, numéro 2, 1900.djvu/12

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peur de s’enlaidir, peur de perdre sa sveltesse, peur que son amant ou son mari ne l’aiment moins, peur de mourir, etc… Et le mari, prévoyant complice, fait semblant de croire à tout cela, parce que, s’il est riche, il ne doit pas trop morceler son patrimoine, et s’il est pauvre, qu’il peut à peine suffire aux besoins du ménage ; aristocrate, il lui suffit que son nom ne se perde point, et bourgeois, qu’une pièce de cent sous en vaille au moins cinquante. Dans ces conditions, y a-t-il une loi qui ferait disparaître les craintes féminines ? Y en a-t-il une qui réduirait à néant les scrupules masculins ? Bref, le nœud gordien sera-t-il tranché ou dénoué ?

Nos politiciens devraient bien légiférer dans un sens pratique. Étant donné qu’un jeune ménage désire toujours un premier enfant, j’accorderais une certaine somme à celui qui en aurait un second ; une plus grande à qui en aurait un troisième, et ainsi de suite. Le père et la mère toucheraient les revenus, et le capital reviendrait à l’enfant à sa majorité. Tu vas me dire : Et le premier-né, sera-t-il le plus infortuné parce qu’il aura la déveine d’être au monde avant ses autres frères ? Tu ne vas pas exiger, je suppose, que je te fasse un cours de justice intégrale ? Il s’agit d’arrêter la dépopulation. Cela fait, nous verrons après, comment et dans quelles mesures honnêtes nous pourrons rétablir le droit d’aînesse relativement ; s’il n’y aurait pas lieu, par exemple, de rendre inaliénable une partie de la dot gouvernementale, en vue du partage entre tous les enfants, de façon à égaler à la vingtième année les sommes touchées ou à toucher par chacun d’eux.

Le nœud gordien serait ainsi dénoué ; on le trancherait en tuant l’Ogre et en faisant servir le budget de la guerre à l’établissement des sommes dont il s’agit. Ne va pas conclure qu’on doive, en abolissant les guerres, en élargissant l’idée de Patrie, abolir le budget. Le citoyen français est d’autant plus content qu’il paie de plus forts impôts.

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