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Page:Les Révélations de l’écriture d’après un contrôle scientifique.djvu/163

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l’intelligence dans l’écriture.

Dans la vie de chacun il y a des moments ternes ; nous ne choisissons pas ces moments-là pour nous faire juger et si nous le faisions, nous n’aurions pas à nous plaindre d’avoir été mésestimés. Pour obtenir une appréciation exacte de Renan il fallait donc ne pas nous soumettre un mauvais document.

Lorsque Renan a écrit ce billet il valait 38, et je crois n’avoir pas fait erreur.

Cette objection s’applique dans un certaine mesure à l’écriture de Mme Ackermann. J’ai vu récemment des autographes de cette dame qui m’auraient fait porter un jugement tout différent de celui que je vous ai soumis. Mme Ackermann n’était pas tout entière dans le fragment que vous nous avez livré, voilà la vérité.

La documentation peut être plus faible sans grands inconvénients pour un médiocre, parce qu’il n’a pas d’aspects intellectuels rares ; sa personnalité se meut dans un rayon moyen, on la saisit facilement dans toute son étendue. Un homme de talent ou de génie ne peut pas être jugé aussi aisément, sa supériorité n’est parfois fixée que par un détail ; elle n’est pas toujours la conséquence harmonieuse d’un faisceau de qualités, mais le développement anormal d’une seule, qui n’est pas nécessairement inscrite dans un billet donnant un rendez-vous d’affaires.

Une documentation graphique représentant un grand nombre d’aspects de l’intelligence est nécessaire pour les grands supérieurs si on veut découvrir chez eux autre chose qu’une vive intelligence. C’est une première conclusion.

En second lieu il faut envisager les résultats en regard avec les possibilités résultant de la documentation afin de ne pas confondre un écart inévitable avec une erreur pure et simple.

Enfin, il résulte de ce qui précède que les cotes graphologiques sont fatalement plus basses que les cotes libres, ces dernières seules tenant compte de la totalité des qualités d’un individu. Un spécimen d’écriture n’est qu’un rayon de sa personnalité ; quand il passe à travers la fatigue, la maladie, la vieillesse, il ne nous fait pas deviner l’astre.

M. Crépieux-Jamin, dans la note qu’on vient de lire, n’a envisagé spécialement que le cas de Renan ; il n’a point reproduit tous les arguments dont il s’est servi pour défendre ses autres erreurs. Ces arguments se trouvent dans des lettres personnelles qu’il m’a écrites. Je pense bien qu’il m’autorisera à les citer, afin de donner à la discussion toute son ampleur. Je tiens beaucoup à ce que le point de vue des graphologues soit pleinement représenté ici. Ils ne se plaindront pas d’avoir un avocat tel que M. Crépieux-Jamin. J’admire son talent de discussion et de polémique. C’est charmant, séduisant, fin, adroit, souple, enveloppant, toujours plein de verve, avec cette ardeur qui évidemment tient un