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Page:Les Révélations de l’écriture d’après un contrôle scientifique.djvu/200

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questions de méthode.

qui sans faire des précisions de cette sorte verrait cependant par l’écriture toute une série de mauvaises tendances qui sont capables d’expliquer un crime.

Malheureusement, cette procédure est pleine d’écueils. Ce sont ceux que nous avons déjà rencontrés dans le chapitre XXI de cette troisième partie, quand nous avons essayé le contrôle des portraits graphologiques. Nous pouvons prévoir presque à coup sûr que les portraits que nous dessineront les graphologues seront complexes comme la nature, et contiendront des traits discordants. Parmi ces traits les uns nous paraîtront s’appliquer au criminel en question, les autres pas. Les graphologues que nous jugeons auront une tendance toute naturelle à insister sur les points qui paraissent exacts, et à considérer comme accessoires ceux qui seront reconnus inexacts. Nous, qui avons moins de parti pris qu’eux, comment jugerons-nous ? Faudra-t-il compter les traits de ressemblance et de différence ? C’est bien grossier. Faudra-t-il, au lieu de les compter, chercher à les juger, les évaluer ? C’est bien délicat.

De plus, n’oublions pas que ces modèles ne nous sont pas connus dans leur intimité morale ; et lorsque l’expert attribue à un criminel notoire une qualité du cœur, l’erreur dont nous accusons cet expert est peut-être une simple apparence due à ce que la psychologie du criminel nous reste ignorée sur certains points. Et l’effet contraire pourrait se produire tout aussi bien. Il n’est pas invraisemblable d’imaginer tel défaut de caractère qui, imputé par l’expert au criminel, nous paraîtra juste, parce que nous avons une tendance à croire que quelqu’un qui a commis un crime abominable est capable de tout, tandis que si on connaissait mieux le personnage, on trouverait peut-être que le jugement de l’expert est erroné, et qu’il y avait au fond de cette brute quelques petites délicatesses de sentiment.

Cette première procédure est donc pleine d’inconvénients. C’est celle qui vient la première à l’esprit, et qu’on voudrait poursuivre à fond lorsqu’on aime la psychologie ; mais je ne crois pas, pour les raisons que j’ai dites, qu’elle conduise à des conclusions fermes. La finesse des analyses est ici hors de saison ; elle est même dangereuse ; il faut un contrôle plus sommaire, et donnant plus de certitude.