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Page:Les Révélations de l’écriture d’après un contrôle scientifique.djvu/219

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le caractère dans l’écriture.

il savait que sa mère n’y était pas ; il l’avait vue sortir. Peu après, la mère Carron rentrait et commençait à faire des reproches à son fils.

C’est alors que, furieux, il se jeta sur elle, la frappa à coups de poing d’abord, puis avec une pince et un marteau qui se trouvaient à portée de sa main.

Bientôt la malheureuse fut inanimée. Claude Carron traîna le cadavre à l’autre bout de l’appartement, le fouilla, prit l’argent caché dans le corsage, puis se mit à manger et à boire aux côtés de la morte.

Les voisins avaient entendu le bruit des coups et les cris que poussait la victime ; ils allèrent chercher la police. Le meurtrier, pendant ce temps, s’échappait par la fenêtre donnant sur la cour, escaladait le toit de la maison voisine, et descendait tranquillement dans la rue.

Après s’être changé, car son linge et ses chaussures étaient rouges de sang, Carron alla dans une maison mal famée du quartier de la Croix-Rousse ; il invita le patron, sa femme et une pensionnaire à un déjeuner à la campagne. On partit en voiture.

Cette partie fine fut la perte du misérable ; pris de boisson, il revint le soir à la maison de ses invités et fut appréhendé par les agents au moment où il descendait de voiture.

Carron a reconnu tous les faits qui lui sont reprochés. Il a affirmé, au cours de l’instruction, n’avoir pas prémédité son crime et, dans un long mémoire, a prétendu se justifier. Sa mère, dit-il, a mérité son sort. C’est lui qui est une victime.

Ce système, on le comprend, venant s’ajouter à certains détails odieux et par trop cyniques de l’attitude de l’accusé, a frappé M. Benoît, le distingué magistrat chargé de l’instruction de l’affaire. Il commit les docteurs Rebatel et Boyer pour examiner l’état mental de l’accusé. Les médecins le déclarent responsable.

Ajoutons que Carron a été trois fois condamné, notamment pour vol, à six mois d’emprisonnement[1].

Voici quelques détails sur l’interrogatoire de Carron. Nous citons ce qui a trait au crime.

Carron. — Pendant que je me promenais sur le quai, j’ai vu passer ma mère qui allait au marché, comme tous les matins.

Je suis alors rentré pour l’attendre. Je suis resté au moins un quart d’heure à la porte du logement.

D. Et quand elle arrivée, que s’est-il passé ? — R. Elle s’est mise à me parler, sans se fâcher. Puis je suis rentré avec elle, et tout d’un coup elle m’a reparlé de la pendule et des livres ; elle m’a menacé de la police. Je lui avais dit cependant que si j’étais encore condamné, je pourrais être relégué.

Je savais, d’ailleurs, que ce n’était pas vrai, mais je comptais l’attendrir. Ça ne lui a rien fait. Je me suis vu perdu, obligé de me suicider. Cependant, je ne tiens pas à la vie.

D. Votre mère y tenait sans doute, elle… — R. Oh ! je pense bien que

  1. Lyon républicain, 1er décembre 1903.