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Page:Les Révélations de l’écriture d’après un contrôle scientifique.djvu/223

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le caractère dans l’écriture.

(6) Écriture courbe, assez rapide et expressive, mais sans relief, avec des t non barrés et des finales retenues et fines.

(7) très inégale, agitée, incoordonnée, floue.

(8) naturelle et simple. Mots grossissants.

(9) sans relief ; t non barrés ou très inégalement. Pas de fermeté dans le trait.

(10) très inégale. (Lignes serpentines.)

(11) grossissante, naturelle, simple, claire, mais senestrogyre.

N’hésitons pas à considérer ce portrait comme une erreur de M. Crépieux-Jamin[1].

L’erreur de M. Vié est plus considérable encore. Voici ce que ce second expert, d’ordinaire si sagace, nous écrit :


étude graphologique sur b. d’arg. (carron), par m.vié

Trois documents : deux d’entre eux ont été formés à l’aide d’une plume émoussée ; ils sont d’une structure confuse et boueuse, notes jetées ner-

  1. Prié de donner son avis sur mon appréciation, M. Crépieux-Jamin m’écrit :
    « Je ne pense pas que vous puissiez dire de mon portrait qu’il est purement et simplement une erreur. Il y a des degrés dans l’erreur et il y a plusieurs points de vue pour juger du degré. J’avais deux documents extrêmement différents ; sur l’un on pouvait faire le portrait d’un être assez intelligent et d’une moralité terne, sur l’autre la moralité s’abaissait fort, j’ai fait un compromis entre les deux. Les deux documents paraissent écrits à quelque dix ans de distance et cela explique bien des choses.
    « Évidemment, le personnage vu à travers cette obsédante prévention de l’assassinat paraît ici très mal jugé, le point de vue n’est pas le même.
    « Je ne prétends pas ne pas m’être trompé, je dis seulement que je n’ai pas fait une erreur totale, je n’ai pas dit le contraire de ce qu’il fallait dire.
    « Il eût été plus juste de dire :
    « M. Crépieux-Jamin dit que ce personnage ne lui inspire pas confiance parce que ses qualités sont toujours insuffisantes par un côté. Comme les médecins légistes, il le déclare intelligent. Son portrait n’exprime donc pas entièrement le contraire de ce qu’il fallait dire, mais il est assez inexact pour être compté comme une erreur, atténuée si l’on veut.
    « Le cas de Carron n’est pas excellent pour vous. J’aurais préféré aux coupures de l’interrogatoire, des citations du rapport du Dr Rebatel. Il s’agit de psychologie, il eût fallu établir la mentalité normale du personnage, tandis que vous mettez en relief l’acte du crime, de telle sorte qu’on ne voit que cela dans votre étude. Il y a cependant bien des circonstances atténuantes à son crime, si odieux qu’il soit. Il n’a jamais considéré sa mère comme une mère, elle fut l’agent principal de sa dégradation. »
    La discussion de M. Crépieux-Jamin sur un cas qui lui est tout personnel est vive, attachante, pleine de verve, et convaincante comme un de ces plaidoyers éloquents, qui pour un moment impressionnent notre conviction… mais ne résistent pas à la revision de sang-froid que nous faisons. Et, en effet, c’est seulement un plaidoyer, avec toutes les qualités et tous les défauts du genre. La loi du plaidoyer consiste à distribuer adroitement les lumières ; on éclaire certains détails, on noie les autres dans l’ombre. Avec des portraits aussi remarquablement complexes que ceux de M. Crépieux-Jamin, on arrive toujours à tomber juste sur un point ou deux ; et si on insiste seulement sur ces accords, cela paraît un succès. M. Crépieux-Jamin connaît pourtant bien le mécanisme et la gravité de cette illusion curieuse du plaidoyer ; dans ses lettres, il y fait allusion. Mais le voilà aux prises avec un cas personnel, il oublie ! Aussi, remarquons avec quelle indulgence il parle de Carron ; il lui trouve des circonstances atténuantes !