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Page:Les Révélations de l’écriture d’après un contrôle scientifique.djvu/224

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une galerie d’assassins jugés d’après leur écriture.

veusement comme avec mauvaise grâce, en un déshabillé non destiné aux regards, dans un grimoire difforme, incohérent et incorrect. Questions traitées :

A — des salaires ;
B — de la pudeur.

Ce qu’on pourrait dire de l’autographe A se confirme et s’accentue dans B, qu’il suffira de retenir momentanément. Celui-ci, dépouillé de toutes les séductions de la femme, pourrait presque être taxé de viril, surtout si l’analyste cédait au mirage d’un texte capable d’effaroucher une confrérie de nonnains. L’autre est d’un tracé calligraphique ou peu s’en faut, fin, délicat, presque immatériel — que nous désignerons par la lettre C. Les différences de facies n’excluent cependant pas l’étroite communauté de nombreux signes graphiques, manifestement issus de la même main. Étudiées de près, ces deux écritures sont jeunes et féminines, d’où le droit de conclure, sans trop de témérité, qu’une jeune fille les a formées l’une et l’autre.

Est-il possible de fonder une esquisse graphologique sur ces uniques données, si disparates dans leurs grandes lignes de comparaison ? L’entreprise est ardue, et subordonnée à la discussion préalable des documents. Les matières traitées dans A et B impliquent un niveau d’occupations et de connaissances supérieur à la moyenne, et cependant Mlle B d’A. a constellé ces deux écrits de déformations qui empirent progressivement. Si celles-ci n’étaient que graphiques, on pourrait les imputer à un excès de fatigue corporelle ; mais elles sont aussi orthographiques, et en cela fort choquantes, fournissant ainsi le diagnostic d’une grande dépression mentale, telle que le surmenage pourrait la produire, ce qui enlève à ces autographes leur normalité documentaire. Dès lors, on n’est plus en présence que de la note C, copie faite avec application, mais où l’on trouve néanmoins quelques indications caractéristiques à utiliser.

C’est un graphisme point déplaisant dans sa texture aérienne, mais presque banal pour son manque de relief, partant exclusif d’une appréciable originalité intellectuelle. Le soin y montre de fréquentes lacunes, et n’évoque pas la notion d’une personne de tout point ordonnée.

Le goût n’est pas dépourvu de délicatesses qui plaisent, mais on les voudrait plus constantes. Ces petites ombres s’atténuent, il est vrai, en regard d’autres qualités morales de cette jeune fille, douce, modeste et peu coquette. Modérément expansive, elle donne du prix à sa réserve par la franchise et le naturel.

Mlle B d’A. est très sensible, mais les émotions ne s’impriment guère dans son âme pour en altérer longtemps la sérénité. Aimante, elle possède cette affectivité surveillée où les gages de durée des sentiments n’ont pas contre eux de grands élans imaginatifs, car son imagination modérée ne s’attarde pas dans les nuées bleues où se complaît souvent le rêve des jeunes filles.

L’activité est ici d’essence fragile et ne veut pas être mise à rude épreuve, elle est d’ailleurs imparfaitement secondée par le vouloir, en vérité tenace, très apte à s’attacher au but avec force si ce but vient à passer, mais beaucoup moins à marcher vaillamment vers lui pour l’atteindre.