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Page:Les Révélations de l’écriture d’après un contrôle scientifique.djvu/253

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le caractère dans l’écriture

Faut-il donner quelques portraits de la série honnête ? Je regrette de ne pas pouvoir les donner tous. On m’a assuré que cela manquerait d’intérêt. Les honnêtes gens piquent moins la curiosité que les assassins. Je n’en citerai qu’un.

Bour (cultivateur âgé, qui a été autrefois ouvrier en bijoux ; très brave homme, d’une bonne intelligence, caractère jovial, bon grand père de famille, vieillissant entouré de l’estime générale).


portrait de bour par m. crépieux-jamin

M. Bour est un individu doué d’un caractère très ferme et vif.

Il n’est pas égoïste, loin de là, et atteint même à la générosité.

Il a un vif sentiment de la justice et de l’équité, avec une certaine rudesse et une franchise qui n’admet pas les ambiguïtés. C’est un caractère simple et bon, mais avec une façade sévère trompeuse, — au moins pour les graphologues. Il semble insaisissable et il n’est que pourvu d’éléments modérateurs restreignant les manifestations de son émotivité forte et que l’on ne soupçonne pas tout d’abord. On le croirait méchant et emporté, il n’est que vif, avec un cœur affectueux sous une enveloppe fruste.

Si je pouvais mettre sous les yeux du lecteur toutes les esquisses de caractère que M. Crépieux-Jamin a faites pour mes honnêtes gens, on comprendrait mon embarras. Il est extrêmement difficile de juger l’ensemble, et de dire que, tout compte fait, les honnêtes gens sont mieux traités que les assassins. Cela varie beaucoup ; c’est, comme on dirait au palais, une question d’espèce. Dans certains cas, c’est l’assassin qui est le plus chargé ; dans d’autres cas, c’est l’honnête homme. Comment condenser ces documents dans des moyennes, comment représenter par une donnée précise le coefficient de moralité de chacune des deux séries ? Ah ! comme on sent bien ici que les phénomènes moraux ne se comptent pas, ne se pèsent pas ! Comme on voit bien qu’il suffirait de quelque parti pris, de moins encore, d’une idée préconçue à peine consciente, pour donner raison au graphologue, ou pour lui donner tort ! Ne nous laissons pas gagner par le scepticisme. Raidissons-nous. Cherchons à nous dégager des impressions subjectives, qui sont toujours dangereuses et suspectes. N’y a-t-il pas moyen d’imaginer un procédé quelconque, même grossier, qui nous mette tous d’accord, en utilisant des faits précis ?