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LES TEIGNES

flamme des lampes dont l’éclat les attire. Voici les plus remarquables dans ma boîte.

C’est d’abord la teigne du drap. Les ailes supérieures sont noires avec l’extrémité blanche. La tête et les ailes inférieures sont également blanches. La chenille se tient sur les étoffes de laine ; elle se construit un fourreau avec les débris du tissu rongé. La teigne des pelleteries a les ailes supérieures d’un gris argenté, avec deux petits points noirs chacune. La chenille habite les fourrures, qu’elle tond poil par poil.

La teigne du crin vit, à l’état de chenille, dans le crin dont on rembourre les meubles. Elle est en entier d’un fauve pâle.

Tous ces papillons, et en général toutes les teignes, ont les ailes étroites, bordées d’une élégante frange de poils soyeux, et couchées en long sur le dos pendant le repos.

La plus à craindre est la teigne qui ronge le drap. Parlons-en plus au long, vous admirerez avec moi l’habileté qu’elle met à se faire un habit. Pour se mettre à couvert et vivre en paix, la chenille se fabrique un fourreau avec des brins de laine coupés et hachés du tranchant des mandibules. En moissonnant ainsi les brins un à un, la teigne rase le drap et fait place nette jusqu’à la trame. Là se borne parfois le dégât ; mais il lui arrive aussi d’attaquer les fils du tissu et de trouer l’étoffe de part en part, de sorte que le drap n’est plus qu’un haillon sans valeur. Les brins de laine hachés servent en partie de nourriture à la chenille, en partie de matériaux de construction pour le fourreau. Celui-ci est artistement façonné au