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LES RAVAGEURS

Le mâle a les ailes supérieures grises, traversées par des raies sinueuses très obscures, et les inférieures brunes avec le bord plus foncé. La femelle, du double plus grande, a les ailes d’un blanc jaunâtre, ornées de traits noirs en zigzag, ce qui fait donner à ce papillon le nom vulgaire de zigzag. Elle a au bout du ventre une grosse touffe de poils roux, qui se détachent au moment de la ponte et couvrent les œufs d’une espèce de matelas soyeux que l’on prendrait, à sa couleur, pour un morceau d’amadou. Sous ce moelleux abri, les œufs, pondus en une masse oblongue sur l’écorce des arbres, passent l’hiver pour éclore en mai. Parvenue à tout son développement, la chenille a de 6 à 7 centimètres de longueur. Pour un mangeur de cette taille, il faut, vous comprenez, abondante pâture. Elle est d’un brun noir, avec un réseau de très fines lignes pâles. Chaque anneau du corps porte en travers une rangée de tubercules bleus sur les cinq premiers anneaux, couleur de rouille sur les suivants, et couronnés tous par un faisceau de longs poils roux. Ces poils pénètrent facilement dans les doigts. Il faut donc toucher la chenille avec précaution, et se garder surtout de porter ensuite la main aux lèvres, aux narines, aux yeux, au cou, enfin partout où la peau est très délicate.

Tout est bon pour la chenille de bombyx disparate ; arbres fruitiers, arbres forestiers sont indifféremment broutés. Comme la chenille est grande, quelques douzaines suffisent pour dépouiller un arbre de sa verdure. Aussi connaît-on des exemples d’années calamiteuses où, la terrible engeance se