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Page:Les Ravageurs, Jean-Henri Fabre.djvu/150

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LES RAVAGEURS

précautions pour sauvegarder les récoltes, toujours menacées ? Une loi, mon petit ami, est un règlement fait en vue du bien-être général ; nous lui devons tous respectueuse obéissance. S’il se trouve des esprits étroits, des insouciants, des Jean le Borgne enfin que cela contrarie, tant pis pour eux : ils doivent obéir quand même, parce que l’intérêt de tous ne doit pas être compromis par la sottise de quelques-uns.

L’affiche de M. le maire avait surtout rapport à une chenille dont les dégâts en certaines années sont de véritables calamités. Elle est si fréquente dans le centre et le nord de la France qu’on l’appelle tout court la commune. On la rencontre partout, sur les arbres fruitiers et les arbres forestiers, dans les allées des jardins, sur les plantes, les haies, les écorces, quelquefois en légions innombrables.

Elle est d’un brun noir avec six rangées de tubercules de même couleur, couronnés par une aigrette de longs poils roux. Sur le dos sont disposés deux files de taches blanches et des points rouges. L’anneau auquel est attachée la dernière paire de fausses pattes et le suivant ont chacun au milieu un mamelon rouge charnu, qui peut rentrer dans la peau ou en sortir au gré de l’animal. Le papillon est entièrement blanc, sauf l’abdomen qui est brun. La femelle porte en outre au bout du ventre une épaisse touffe de poils roux.

Louis. — Comme le bombyx disparate.

Paul. — Parfaitement. Pour les deux espèces, l’usage de cette touffe de bourre est le même. La ponte faite, le papillon se frotte le bout du ventre et détache la toison rousse, qu’il dispose en couverture