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LES RAVAGEURS

en voilà douze, en voilà vingt. C’est assez. On retourne à la maison avec les captifs qui grouillent et bruissent dans un vieux bas, dans le mouchoir, dans la casquette ; on fait provision de feuilles. Maintenant il faut essayer les bons. L’insecte, attaché par la patte avec un long fil, est mis au soleil ; il gonfle et dégonfle le ventre, il soulève les élytres, il déploie les ailes, et voun, voun, voun !!! le voilà parti. Il est bon. — Ô belles joies du temps des hannetons, joies enfantines, qu’êtes-vous devenues ! Gardez-les, mes enfants, le plus longtemps possible ; les autres ne les valent pas.

Émile. — Moi je n’attache pas le hanneton par une patte ; avec une aiguille, je passe le fil à travers la pointe du bout du ventre.

Paul. — Il parait que la mode a changé ; car toute chose se raffine et toujours se raffinera, même au sujet des hannetons. De mon temps, on attachait l’insecte par la patte, c’était moins douloureux pour la pauvre bête. Mais là n’est pas la question. Très volontiers, vous le voyez, je ferais grâce au hanneton en faveur des amusements qu’il vous procure et de ceux qu’il m’a procurés. Nous sommes quatre ici. À l’unanimité le déclarons-nous innocent ?

Jules. — Oui ; je lui donne ma voix.

Louis. — Je lui donne la mienne.

Émile. — Et la mienne donc ! J’en ai six dans ma boîte ; Jules les a pris hier en secouant un poirier. Il y en a deux qui volent, mais qui volent… vous verrez.

Paul. — Le réquisitoire commence. — Le hanneton est d’abord une larve qui trois ans vit en terre, tandis