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LA CHENILLE

la chenille et la mit dans le creux de sa main. Les enfants paraissaient étonnés du sans-façon avec lequel l’oncle maniait l’affreuse chenille.

Jules. — Elle vous mordra, mon oncle.

Émile. — Sans compter qu’elle vous jettera du venin.

Paul. — Vous venez l’un et l’autre de dire une sottise. Mettez-vous bien dans l’esprit qu’aucune chenille, ce qui s’appelle aucune, n’a du venin. On peut les manier toutes sans le moindre inconvénient. J’en excepte quelques-unes hérissées de poils piquants, et encore tout ce qui peut arriver de pire c’est une démangeaison produite par les poils aigus. Quant à me mordre, la pauvre bête est bien loin d’y songer. D’ailleurs que pourrait-elle me faire ? Me pincer un peu la peau, comme le feraient, du bout des ongles, les petits doigts d’Émile. La belle affaire.

Jules. — Cependant on dit que les chenilles font venir du mal quand on les touche.

Paul. — On le dit, il est vrai, mais sans raison aucune. Les neveux de l’oncle Paul ne doivent pas avoir de ces ridicules appréhensions et redouter une chenille inoffensive.

Rassurés par les paroles de l’oncle, Émile et Jules passèrent et repassèrent le doigt sur le dos de la bête. En outre, l’histoire affirme en toute sincérité qu’ils ont depuis manié bien des chenilles pour les examiner de près, et qu’au grand jamais le moindre désagrément n’est résulté de ce contact.

Paul. — Maintenant que vous voilà rassurés, prenons le signalement de la bête. La chenille est de la grosseur d’une forte plume. Sa couleur est d’un