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LES RAVAGEURS

jaune pâle, excepté sur la tête et les pattes, qui sont d’un noir luisant. Au premier coup d’œil, on la reconnaît aux petites verrues noires hérissées chacune d’un poil et régulièrement disposées sur toute la surface du dos.

Jules. — Ce signalement n’est pas difficile, je le retiendrai ; et si jamais je rencontre la maudite bête courant à terre, je vous réponds qu’elle n’aura plus envie de ronger les lilas.

Paul. — Vous oubliez, mon petit ami, que ces chenilles ne courent point à terre, qu’elles se tiennent dans l’intérieur du bois, à l’abri de nos regards.

Jules. — C’est juste. Et alors ?

Paul. — Alors, il faut connaître toute leur histoire pour savoir l’époque propice de leur faire la chasse. Je vous apprendrai d’abord que toute chenille devient papillon. Celle que j’ai là, dans la main, serait devenue un magnifique papillon blanc, tigré de taches bleues, si elle était restée quelques mois encore dans la tige du lilas.

Émile. — Oncle Paul, je vous en prie, remettez la bête dans le bois sans lui faire du mal ; comme cela nous verrons tous le beau papillon.

Paul. — Ce serait imprudence, nos arbres pourraient en souffrir. Nous la déposerons provisoirement dans un verre, car je veux vous montrer sa structure avec plus de détail. Quant au papillon, je l’ai dans ma boîte à insectes ; vous le verrez demain.