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LE RHYNCHITE ET L’EUMOLPE DE LA VIGNE

en une espèce de trompe. Celui-ci est appelé rhynchite par les savants, urbec, becmare, lisette, par les viticulteurs. Il est d’un magnifique vert brillant en dessus avec l’éclat de l’or en dessous. On en trouve, plus rarement, qui sont d’un bleu foncé. Le mâle a de chaque côté du corselet une fine pointe dirigée en avant. La larve est un petit ver de couleur blanche, sans pattes, qui vit d’abord dans un rouleau façonné par la mère avec une feuille de vigne. Dans le mois de mai, l’insecte coupe d’abord aux trois quarts la queue d’une feuille pour arrêter la sève ; de la sorte, la feuille se fane et acquiert la souplesse voulue. Alors le charançon la roule sur elle-même et dépose dans ses replis trois ou quatre œufs. Quand le rouleau a pris en se desséchant la teinte tabac, on le prendrait pour un cigare appendu au pampre. Les petites larves abandonnent bientôt cette première retraite, se laissent tomber et s’enfouissent en terre, où elles achèvent de se développer. Le rhynchite compromet la vigueur de la vigne en détruisant ses feuilles ; il faut donc recueillir, en mai et en juin, les rouleaux suspendus aux ceps et les brûler pour détruire l’insecte dans son berceau et prévenir les dévastations futures.

Jules. — Avec le charançon vert et luisant qui roule en cigares les feuilles de la vigne, j’ai trouvé un autre insecte que voici.

Paul. — Ce n’est plus un charançon, vous le voyez à la forme de la tête non prolongée en bec. Les élytres sont d’un rouge châtain, tout le reste du corps est noir. On le nomme l’eumolpe de la vigne, ou vulgairement l’écrivain, parce qu’il ronge la surface