Page:Les Ravageurs, Jean-Henri Fabre.djvu/213

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XXXIV

LA CULTURE

Jules. — Vous avez promis de nous dire pour quels motifs les insectes nuisibles aux cultures sont si nombreux.

Paul. — Je tiens parole ; écoutez. — Avec la naïveté de votre âge, vous vous figurez que de tout temps les choses ont été ce qu’elles sont aujourd’hui ; vous croyez, en particulier, qu’en vue de votre alimentation, le poirier s’est toujours empressé de produire de gros fruits à chair fondante ; que le navet, pour nous faire plaisir, a gonflé sa racine de pulpe savoureuse ; que le chou cabus, dans le but de nous être agréable, s’est avisé lui-même d’empiler en tête compacte de belles feuilles blanches. Vous vous figurez que le froment, le potiron, la carotte, la vigne, la pomme de terre et tant d’autres encore ont, de leur propre gré, toujours travaillé pour l’homme. Il vous semble que la grappe de la vigne est pareille maintenant à celle d’où fut exprimée la première tasse de vin ; que le froment, depuis qu’il est sur la terre, n’a pas manqué, tous les ans, de produire une récolte de grain ; que la betterave, le potiron, avaient, aux premiers jours du monde, la corpulence qui nous les rend