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LES RAVAGEURS

coccinelle ; elle a l’air bien innocent. Qui dirait que c’est encore un dévorant, faisant ventre des pucerons ? Surveillez-la de près sur les rosiers, et vous assisterez à ses féroces bombances. Sa larve couleur d’ardoise, hérissée de poils épineux et parée de taches jaunes, a les mêmes appétits.

Est-ce tout ? Oh ! que non. — J’oubliais l’hémerobe, élégante petite demoiselle dont les ailes semblent faites d’une fine gaze verte et dont les yeux reluisent comme de l’or. Sur une feuille, elle dresse une gerbe de fils blancs dont chacun porte un œuf à l’extrémité. On dirait un faisceau de très fines épingles implantées sur la feuille comme sur une pelote. Quand vous la rencontrez, respectez cette gracieuse aigrette, car il doit en éclore des larves qui font aux pucerons une guerre acharnée. Ces larves ont le corps aplati, velu, ridé et terminé en avant par deux crochets creux qui servent à saisir et à sucer les pucerons. On en trouve qui se couvrent le dos d’un vêtement grossier composé des dépouilles des victimes sucées. On les appelle lions des pucerons avec juste raison, car une seule larve d’hémerobe peut en deux ou trois jours nettoyer de ses poux un rameau de rosier.

Louis. — Ces larves mangent-elles les pucerons des autres plantes ?

Paul. — Elles les mangent tous indifféremment.

Jules. — Et les fourmis ? On en voit partout où se trouvent des pucerons.

Paul. — Les fourmis ne font aucun mal aux pucerons ; au contraire, elles les caressent pour en obtenir une espèce de liqueur sucrée dont elles sont très friandes. Les pucerons sont en quelque sorte