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LES RAVAGEURS

rapide des pucerons, nous avons les oiseaux, les coccinelles, les syrphes, les hémerobes et bien d’autres mangeurs encore ; mais c’est loin de suffire : il faut nous-mêmes nous préoccuper des moyens de les détruire. On les écrase, comme le fait Jules, si les plantes infestées sont basses et peu nombreuses. Mais s’il faut opérer plus en grand, on a recours tantôt à l’aspersion avec des liquides corrosifs, amers, odorants, tantôt à la fumigation, tantôt à l’insufflation de poudres insecticides. Les principaux liquides employés en aspersion sont l’eau de savon, l’eau de chaux, l’eau salée, les décoctions d’absinthe, de tabac, de feuilles de noyer, de suie, d’aloès. On les lance sur le feuillage avec une petite pompe foulante terminée par une fine pomme d’arrosoir. Les fumigations se font en brûlant, sous l’arbre préalablement couvert d’une toile, du tabac placé sur un réchaud que l’on active avec un soufflet. Les poudres insecticides les plus efficaces sont les poussières des manufactures de tabac, les poudres d’absinthe, de pyrèthre, d’armoise. On les répand sur les plantes au moyen d’un crible, ou mieux avec le soufflet employé pour soufrer la vigne.

Un puceron appelé puceron lanigère, c’est-à-dire porte-laine, à cause de l’espèce de toison blanche dont il est couvert, ravage les pommiers. Il vit sur l’écorce. Pour le détruire, on flambe les branches infestées avec des torches de paille enflammées. Cette opération, appelée coulinage, se fait en mars, avant l’apparition des feuilles.