XLIX
LES PSYLLES
Jules. — Les pucerons, que mangent-ils ? Je ne les ai jamais vus ronger les feuilles.
Paul. — Ils ne les rongent pas, ils en boivent la sève au moyen d’un suçoir pointu, court et très fin, qu’ils portent appliqué contre la poitrine quand ils ne s’en servent pas. L’insecte implante son suçoir dans la feuille, et des journées entières, sans changer de place, s’abreuve des humeurs du point piqué. Lorsque ce point est épuisé, il passe à un autre, mais sans se déplacer beaucoup. Le puceron est ami de l’immobilité. Faire le tour d’un rameau gros comme le petit doigt est un long voyage dont bien peu s’aventurent à courir les périls ; quelques pas en avant pour faire place en arrière à leurs cinquante fils à mesure qu’ils sont pondus, c’est tout ce qu’ils osent entreprendre. Les pucerons de la dernière génération, vous ai-je dit, ont des ailes et pondent des œufs qui renouvellent au printemps la race anéantie par les froids de l’hiver. Ceux-là ne sont pas casaniers comme les autres, volontiers ils quittent la feuille natale pour voir du pays. Il est de leur devoir de voyager de côté et d’autre pour disséminer leurs œufs de façon qu’au