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LES COLÉOPTÈRES

Émile. — Lorsqu’il compte ses écus, au moment de prendre le vol, le hanneton soulève un peu les élytres ; les ailes sortent, s’étalent, et voilà la bête partie.

Paul. — Une foule d’insectes ont pareillement deux paires d’ailes, dont l’inférieure seule est de structure membraneuse et sert au vol, tandis que l’autre est dure, de la consistance de la corne, et forme une espèce de cuirasse. Dans le langage vulgaire, ces insectes se nomment scarabées, et coléoptères dans le langage des savants. Le mot coléoptère signifie ailes en étui ; il fait allusion aux ailes dures ou élytres qui servent d’étui aux ailes membraneuses, les seules aptes au vol.

Jules. — Alors le capricorne est un coléoptère.

Émile. — Et le cerf-volant aussi. Une épingle a de la peine à percer ses élytres, tant elles sont dures. Voilà une fameuse cuirasse pour défendre les fines ailes qu’il y a dessous.

Louis. — La jardinière en est une autre. Ses élytres sont vertes et reluisent comme de l’or.

Paul. — Tous ces insectes sont bien des coléoptères, seulement la jardinière n’a pas d’ailes membraneuses sous les élytres. Elle court rapidement, mais elle ne vole jamais. Divers autres coléoptères sont dans le même cas : leurs élytres protègent le ventre sans abriter des ailes propres au vol. Pourvus ou dépourvus d’ailes membraneuses, les coléoptères se reconnaissent toujours à la cuirasse de leurs élytres. Volontiers on les appellerait les insectes cuirassés, d’autant plus que tout le corps est défendu par une peau résistante, souvent d’aspect métallique.