une chose : ces galeries latérales ne se rencontrent jamais, ne se croisent pas l’une l’autre ; et pourtant les vers travaillent dans l’obscurité, ils ne se sont jamais entendus avec leurs voisins de droite et de gauche, ils ne savent pas même qu’ils ont des voisins dont les excavations et les leurs pourraient se rencontrer.
Émile. — Et qu’arriverait-il si deux galeries se croisaient ?
Paul. — Une des larves périrait, peut-être toutes les deux. Les larves sont très peu scrupuleuses entre elles ; leur métier est de manger : elles le font vaillamment sans se préoccuper de rien, pas même de leurs pareilles. La larve la plus forte rongerait la plus faible, sans plus de façon qu’un simple morceau de bois, et lui passerait à travers le corps pour continuer sa galerie.
Émile. — Je comprends qu’elles veillent à ne pas se rencontrer.
Paul. — Elles n’y veillent pas ; cela se fait tout seul. Pour nous guider sous terre et creuser les galeries des mines dans les directions voulues, il nous faut de savants calculs, la géométrie, la boussole. Pour garder leurs aliments respectifs, sans y voir, sans connaître les travaux des voisines, les larves ont l’instinct, qui leur tient lieu de géométrie, de calculs et de boussole.
Jules. — Comment est-elle, la larve du scolyte ?
Paul. — C’est un vermisseau blanc, grassouillet, ramassé sur lui-même. Il attaque le bois avec ses mandibules. Au reste, en voici un.
L’oncle venait de casser quelques morceaux d’é-