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Page:Les Ravageurs, Jean-Henri Fabre.djvu/72

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LES RAVAGEURS

Que je t’y voie gratter sous les écorces pour dénicher des vers ! Étudie le catéchisme, fainéant, et laisse les chenilles. »

Petit Louis baissait la tête, regrettant le mot métamorphose, qui sans doute venait de lui attirer la semonce. C’est alors que le père Simon descendit du grenier ; par la trappe, il avait tout entendu.

« Des niaiseries, une vermine qui nous mange la récolte !

— Quelle récolte ? fit la mère Simon.

— La nôtre.

— Dans le grenier ?

— Dans le grenier. Nous sommes ruinés si maître Paul n’y sait pas de remède. »

Simon sortit avec une poignée de son froment. La mère alla voir le blé du grenier. Le tas était noirci par des milliers et des milliers de bestioles grouillantes. Elle revint la figure bouleversée, et reprit la quenouille au coin de la fenêtre ; mais le fuseau tournait moins vite, bien moins vite. On dit que jamais depuis la mère Simon ne fit de réprimande à son fils quand elle le voyait observer quelque insecte ; elle avait compris que ce n’est pas un temps perdu.

Toc, toc !… C’est le père Simon qui heurte à la porte de maître Paul. Comme il lui tarde de savoir s’il pourra sauver le reste de sa récolte ! Heureusement, l’oncle est chez lui.

Simon. — Bonjour, maître Paul. Je suis bien en peine.

Paul. — Je le reconnais à votre figure. En quoi puis-je vous être utile ?

Simon. — Voyez.