Aller au contenu

Page:Les Ravageurs, Jean-Henri Fabre.djvu/73

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
61
LE GRENIER

Le brave homme ouvrit sa main pleine de blé et de petits scarabées noirs. Un coup d’œil suffit à l’oncle pour reconnaître l’ennemi.

Paul. — Les charançons vous ont dévasté le grenier.

Simon. — Il a plu dans le grenier apparemment ; le blé mouillé s’est échauffé, a fermenté, et de la pourriture est venue une quantité de vermine qui me mange le grain.

L’oncle hocha légèrement la tête comme pour dire : « Ce n’est pas ça. » Jules s’en aperçut.

Paul. — Et vous voulez sauver le grain encore bon ?

Simon. — Oui, si c’est possible.

Paul. — C’est possible ; je m’en charge.

Simon. — Vous me rendrez un fier service. Je le disais bien, que vous me tireriez de peine, vous qui savez tant de choses. Nous, pauvres ignorants, quand un malheur nous arrive, nous maugréons au lieu d’agir.

Paul. — Avez-vous quelques tonneaux, un peu grands, qui ne vous servent pas ?

Simon. — J’en ai.

Paul. — C’est tout ce qu’il faut ; le reste me regarde. Demain j’enverrai chercher à la ville de quoi défendre votre blé.

Simon. — Encore un service, maître Paul, plus grand que le premier. Mon voisin, Jean le borgne, dit bien que les fils ne doivent pas en savoir plus long que les pères, qu’ils ne doivent pas mettre le nez dans des livres plus qu’on ne le faisait en notre temps. Je le laisse dire ; les choses marchent, et m’est avis