La vérité s’acquiert par l’observation ; l’homme ne l’invente pas, il doit la chercher péniblement, trop heureux encore quand il la trouve. Aussi l’antiquité, qui, dans son impatience, croyait atteindre la vérité du premier bond, par le seul élan de l’intelligence, est-elle tombée dans d’étranges bévues, dites parfois, il est vrai, dans un magnifique langage. Pourquoi ne vous en citerais-je pas un exemple ?
Il y a dix-huit siècles, vivait à Rome un poète célèbre de nom, Virgile. Ses écrits en latin, la grande langue d’alors, sont un précieux modèle dans l’art de bien dire. Virgile était doux et timide ; jeune, il aidait son père à greffer des poiriers. Il aimait les champs, il aimait à chanter en magnifiques vers les prés et les troupeaux, les bois et les moissons. Dans un poème sur les travaux des champs, il nous raconte qu’un berger perdit ses essaims d’abeilles. Un Dieu console l’affligé et lui apprend la manière d’en faire naître d’autres. Voici la méthode, dans une pâle traduction.
Mais, si de tes essaims tout l’espoir est détruit, |