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XV

LE SULFURE DE CARBONE

Jacques cependant était revenu de la ville avec une bouteille bouchée et cachetée avec le plus grand soin.

Voici, dit l’oncle, de quoi mettre fin aux ravages des calandres dans le grenier du père Simon.

Jules. — Le contenu de cette bouteille ?

Paul. — Oui.

Émile. — Cela ressemble à de l’eau claire.

Paul. — Tout à l’heure vous serez d’un autre avis. Revenons un moment aux charançons. Le moyen le plus employé pour prévenir leurs ravages est de remuer fréquemment le tas de blé, de le pelleter de fond en comble. Les charançons, amis du repos, décampent au plus vite. Les écraser sous le pied pendant qu’ils déménagent n’est guère praticable : il y en a tant et tant, jamais on n’en verrait la fin. Que fait-on alors pour les empêcher de revenir ? Dans quelques recoins du grenier, on dépose de petits tas d’orge, grain favori des charançons ; ces tas sont la part de l’ennemi, on n’y touche jamais. Les calandres y trouvent la tranquillité qui leur convient, s’y établissent et laissent le blé où elles sont inquié-