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LES SÉRAILS DE LONDRES

Mary-bone, dont la fortune se montoit à dix mille livres sterlings. Marie étoit une fille grande et gentille, qui avoit reçu une assez bonne éducation, dont elle avoit sû profiter. Elle n’eût pas plutôt l’âge qui inspire au jeune sexe les pensées de connaître les hommes, qu’elle se montra dans tous les endroits publics, avec un cœur enclin à l’amour et aux désirs les plus vifs ; elle se trouvoit très embarrassé de répondre aux attaques qui lui étoient faites ; ajoutez à cela, qu’elle avoit fait la connoissance d’une de ces femmes qui, sous les apparences de chasteté, s’introduisent dans les compagnies décentes. On fit donc une partie à Windsor, dans laquelle étoit un certain homme de rang, dont Marie recevoit les hommages, parce qu’elle s’imaginoit que ses intentions étoient pures et honnêtes ; mais le jeune homme ayant appris par la dame dont elle avoit fait la connoissance, et que Marie regardoit comme son amie, que le père ne donneroit rien à sa fille de son vivant, prit une autre résolution ; il changea ses batteries ; et, au lieu d’attaquer le cœur, il dirigea ses coups contre la vertu de la jeune personne. Marie fut donc trahie par son amie, qui la railloit des craintes qu’elle avoit de ce qu’elle la laissoit seule avec l’homme qu’elle devoit bientôt appeler son mari ; trompée dans cette opinion, elle l’écouta favorablement et céda à ses sollicitations, s’ima-