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LES SÉRAILS DE LONDRES

de cette opinion, nous allons rapporter une anecdote que nous croyons véritable. Elle se promenoit, un après-dîner, dans un jardin, vers la fin d’avril ou au commencement de mai ; elle épia une seule cerise sur un arbre, de laquelle elle devint si passionnée, qu’elle dit au juge qu’elle mourroit, si elle ne l’avoit pas, lui donnant, en même temps, à entendre, qu’elle croyoit que c’étoit une fantaisie de grossesse, Monsieur H...d, dont la passion pour elle étoit incroyable, n’apprit pas plutôt cette nouvelle, qu’il appella le jardinier, et lui demanda le prix qu’il vouloit de cette cerise. Le jardinier refusa d’abord de l’entendre ; mais à la longue, étant informé que la dame étoit enceinte, que c’étoit une fantaisie provenant de cet état, il consentit de laisser à Mme P...pe la simple cerise à moitié mûre, pour le prix modéré d’une guinée.

Elle quitta après M. H...d, pour des raisons qu’elle jugea prudentes, car il ne pouvoit pas réellement lui offrir à chaque instant des cerises mûres ou non mûres, au prix d’une guinée chaque. Elle eut une variété d’amants, au nombre desquels étoit le lord S....h, à qui elle fut présenté par Mme C....ns, qui depuis quelque temps, tient un hôtel dans Suffolk-Street ; et nous apprenons que cette dame avoit non-seulement le courage suffisant pour engager occasionnellement un premier lord de l’amirauté, mais tour-à-tour, tous les offi-