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Page:Les Sérails de Londres, 1911.djvu/153

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LES SÉRAILS DE LONDRES

dans les bras d’une prostituée, la paix de la société seroit beaucoup plus troublée qu’elle ne l’est. Le brutal ravisseur, rompant alors tous les liens du bon ordre, et semblable aux animaux féroces, exerceroit, sans aucun égard, la violence de sa passion ; la femme de l’homme, la sœur ou la fille ne seroient plus en sûreté ni respectées ; la scène de l’enlèvement des Sabines seroit chaque jour exécutée ; et l’anarchie et la confusion s’ensuivroient. Sous ce rapport, la prostitution femelle doit du moins être tolérée, si elle n’est pas protégée ; et, quoiqu’elle soit regardée un mal moral, certainement elle est un bien politique.

Arrêtons-nous, pour un moment, à l’opinion qu’avoit à ce sujet le peuple sage d’Athènes. Les courtisanes y figuroient avec grand éclat ; et le lecteur peut satisfaire sa curiosité en recherchant par quels moyens cette classe de femmes, qui avilissoit leur propre sexe, et en quelque sorte faisoit horreur au nôtre, obtenoit, dans un pays où les femmes en général se distinguoient par leurs mœurs rigides, l’estime et souvent le plus haut degré de félicité. D’après les recherches, on peut y assigner différentes raisons ; la première, que les courtisanes faisoient partie des cérémonies religieuses. La déesse de la Beauté, qui avoit des autels consacrés à son culte, et que les Athéniens adoroient, étoit regardée comme leur patronne. Le