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LES SÉRAILS DE LONDRES

Il n’étoit point alors question de Nelly l’héroïne de cette histoire ; elle n’avoit jamais paru dans les assemblées, et à peine à l’église ; en voici la raison. La sœur aînée, pendant l’absence de leur père, qui étoit en voyage, étoit chargée de la dépense de la maison ; elle employoit presque tout l’argent à l’embellissement de sa chère personne ; mais comme il lui étoit nécessaire d’avoir une compagne, elle permettoit à sa seconde sœur de l’accompagner en public, mais dans un habillement inférieur au sien, portant en grande partie ceux que sa sœur aînée rejettoit. Que devenoit alors la pauvre Nelly ? elle restoit seule à la maison. Sa garde-robe n’étoit pas choisie ; elle consistoit dans la troisième et dernière édition des robes et autres ajustements que sa sœur aînée dédaignoit de porter, et que la seconde lui repassoit ensuite. Ainsi cette malheureuse fille mortifiée et méprisée, avoit médité, pendant quelque temps, le projet de s’échapper, et elle n’attendoit qu’une occasion favorable pour s’en aller d’une manière décente ; ses sœurs alors devinrent si extrêmement bourrues et tyranniques envers elle, ce qui étoit en partie occasionné par la méchanceté naturelle de leur caractère, et par le mauvais succès des agaceries de leurs charmes qu’elles avoient montrés en public, pendant près de deux ans, sans produire d’autre effet que l’offre d’être