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LES SÉRAILS DE LONDRES

Non, grâces au ciel ! nous sommes vertueuses et sans taches ; vous seule avez flétri la chasteté de la réputation de notre famille : en vous le crime, le vicieux crime, est moins excusable que dans la plupart de ces femelles infortunées qui ont été aveuglées par l’amour, ou séduites par des hommes artificieux ; mais vous n’avez point à opposer en votre faveur une pareille apologie ; vous n’avez point d’objet de tendre passion ni de séduction à prouver ; vous avez sacrifié gaiement votre pureté virginale à la débauche la plus abominable. D’après un tel procédé vous vous êtes placée au-dessous des bêtes-brutes ; elles n’ont point la raison pour leur guide, l’instinct seul les dirige. Voyez maintenant, malheureuse que vous êtes, l’énormité de votre chûte. Vous avez détruit tous les liens de la parenté, et brisé ceux de l’amitié. Je vous abandonne à vos remords, si vous n’avez pas encore perdu tout sentiment de honte. Je suis furieuse contre vous ; par conséquent ne me troublez pas davantage de vos épîtres désagréables, dégoûtantes, j’allois presque dire souillées de votre bassesse ; car vous n’entendrez plus désormais parler de celle qui autrefois étoit votre sœur.


La réception de cette lettre au lieu de soulager la détresse de la pauvre Nelly, ne fit qu’augmenter son chagrin et ses inquiétudes sur ses nécessités alarmantes.

Cependant un voisin prit pitié de sa triste condition, et lui procura, par pure humanité, tous les secours que son état exigeoit.

Nelly ne fut pas plutôt rétablie, qu’elle reparut dans le monde agréable, avec son élégance et sa vivacité accoutumées, elle forma bientôt après