Aller au contenu

Page:Les Sérails de Londres, 1911.djvu/182

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

159
LES SÉRAILS DE LONDRES

une alliance avec un gentilhomme très bien connu dans le cercle poli, et remarquable par la noirceur de sa peau. Que l’on n’aille pas s’imaginer qu’il étoit un Soubise ; non, il étoit créole : ses traits étoient très réguliers, sa personne bien proportionnée, grande et athlétique ; il s’appeloit M. H...n dont elle a toujours depuis adopté le nom. Leur liaison ne fut pas plutôt formée, que M. H...n invita Nelly à venir demeurer dans sa maison Salisburg-Street, dans le Strand, où elle présida et fit les honneurs de la table d’une manière si polie qu’elle se distingua des autres dames.

Nelly, ainsi placée dans un genre de vie élégant, crut qu’aucune femme ne méritoit plus qu’elle les attentions et les assiduités d’un homme de goût et de jugement, tel que l’étoit M. H...n. Il jouissoit d’une grande fortune, sur laquelle il avoit fixé, en faveur de Nelly, une rente de cinquante livres sterlings par an ; il n’étoit point coupable d’aucune extravagance qui eut fait tort à son bien ; elle n’avoit point le défaut de porter la dépense au-delà des règles de la prudence ; mais malheureusement M. H...n étoit enclin au jeu, et il tomba entre les mains d’une compagnie d’escrocs, qui s’intitulent gentilhommes, et qui, en effet, sont de plus grands videurs de poches que ces malheureux que l’on condamne pour avoir pris