Page:Les Sérails de Londres, 1911.djvu/238

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

213
LES SÉRAILS DE LONDRES

Ils dînèrent ensemble : après avoir bu une bouteille, le lord lui proposa une partie de piquet, le maître de langue qui se fioit à son habileté et à son adresse dans son jeu, accepta de bon cœur le défi ; mais la déesse aveugle ne daigna pas le traiter en ami ; il eut, outre le courage, le malheur de disposer de sa femme, et de perdre, en peu de d’heures, tout l’argent de la vente qu’il en avoit fait faite. Le lord, de retour auprès de sa dulcinée, lui dit, en riant de tout son cœur, qu’il avoit terminé avec son mari de toutes les manières possibles, tirant ensuite l’argent de sa poche, il le lui remit, en disant : « Voici le prix de votre personne ; voyez si vous ne pouvez pas en faire un meilleur usage que votre insensé époux. »

Malgré cet achat fait dans toutes les règles, le lord D...l..ne ne demeura pas long-tems avec elle ; la cause de leur rupture fut véritablement visible quoique très véridique. Madame Ch...y et la duègne, qui alors vivoient ensemble, étoient à dîner avec un gentilhomme qui attendoit milord pour lui parler d’une affaire importante, dans le cours de la conversation, elle l’entretinrent des folies, foiblesses et caprices du lord. Madame Ch...y poussa l’indiscrétion jusqu’à lui révéler les mystères de l’intérieur du temple Cyprien, et à lui communiquer qu’il avoit recours aux cantharides ainsi qu’au bouleau. Mais comme le