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LES SÉRAILS DE LONDRES

miracle lorsqu’il retournait chez lui avec une guinée dans sa poche. Dans cet établissement infernal, le joueur ruiné qui n’avait pas un schelling pour se procurer un logement, se rendait chez Moll-King pour y passer le reste de la nuit ; si, par hasard, il avait une montre ou une paire de boucles en argent, tandis qu’il dormait, les mains habiles de l’un et l’autre sexe remplissaient les devoirs de leur vocation, et la victime malheureuse de la fortune, devenait alors une victime plus malheureuse de Mercure et de ses disciples.

Lorsque Moll-King quitta ses rendez-vous nocturnes, elle se retira avec une somme très considérable qu’elle avait amassée par les folies, les vices et le libertinage du siècle.

Vers le même temps, la mère Douglas, mieux connue sous le nom de la mère Cole, avait la plus grande réputation. Elle ne recevait dans sa maison que les libertins du premier rang ; les princes et les pairs la fréquentaient, et elle les traitait en proportion de leurs dignités ; les femmes de la première distinction y venaient fréquemment incognito, le plus grand secret était strictement observé, et il arrivait souvent que, tandis que Milord jouissait dans une chambre des embrassements de Chloé, son épouse lui rendait le change dans la pièce adjacente.

Il y avait à cette époque, à l’entour de Covent-