Page:Les Sérails de Londres, 1911.djvu/275

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

246
LES SÉRAILS DE LONDRES

assista, et nous ne pouvons mieux illustrer l’aventure, qu’en en donnant verbalement la relation.

Lundi, 10 novembre 1778, à la Chambre de Justice de Litch-Field-Street, comparut devant les magistrats, Elisabeth Clumpet, autrement dite Cummings, s’appelant encore la campagnarde Bet ; elle accusa Madame Butler, qui tient une maison de réputation infâme dans Westminster, de lui avoir retenu une robe, un mouchoir, etc., qu’elle avoit laissée chez elle, en place d’habillements que ladite dame Butler lui avoit fournis pour aller en compagnie avec une autre dame de classe inférieure comme elle rendre une visite au comte de H... dans la maison de Madame Pendergast, qui tient un sérail dans Kings-Place ; qu’à son retour, après avoir rendu à Madame Butler les hardes qu’elle lui avoit prêtées, cette dame ne voulut pas lui remettre les siennes qu’elle ne lui eut payé le droit usité de courtage prélevé sur ses gages d’iniquité. Spencer Smith, sergent au premier régiment des grenadiers, parut dans cette cause pour Madame Butler ; il s’efforça de détruire l’évidence portée contre elle. Cependant la campagnarde Bet étant interrogée par les juges, déclara que la femme du sergent fournissoit fréquemment le sérail de King’s-Place des dames qu’elle attiroit chez elle par des ruses ; qu’elle les habilloit comme des demoiselles, et qu’elle les envoyoit dans l’endroit ci-dessus désigné ; que le comte de H... se trouvoit dans cette maison les Dimanche, Lundi, Mercredi et Vendredi, et qu’il y fut la semaine dernière, chacun desdits jours dénommés ; que Madame Butler l’instruisit, ainsi que sa compagne (le lord désirant dans ce moment avoir deux jeunes demoiselles avec lui) comment elles devoient agir avec le comte de H..., et qu’elle les habilla à la mode pour paroître devant lui ; elle ajouta ainsi que le noble comte, avec qui elles furent une bonne heure en compagnie, avoit donné à chacune d’elles trois guinées ; que Smith étoit