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LES SÉRAILS DE LONDRES

plus grande considération : sa voix est très-harmonieuse, sa personne grande et agréable, et son maintien plein de grâces : ajoutez à ces qualités qu’il a une mémoire imperturbable ; et qu’il est doué de cette effronterie heureuse qui préserve un homme des traits de la raillerie, ou de la confusion d’une réplique dure ou inattendue. Avec de telles armes d’éloquence, on ne doit point douter qu’il ne fasse la plus grande figure dans les débats de la plus grande importance. En un mot, il est pour l’administration un adversaire trop formidable pour ne point le comprendre : elle connoît sa triste situation. Elle doit bien nourrir Cerbère pour prévenir son embarquement, quant à ce qui regarde le côté de cette question. On a parlé d’accommodement. Combien la transition étoit facile ! Le lord L... s’aperçut immédiatement de son erreur. Une poignée d’hommes qui visoit à la destruction de leur pays et qui élevoit contre lui le poignard de la plus abominable malversation, lui parut être, en un moment, des ministres sans reproche, sensibles, droits et judicieux. Nous sommes tous sujets à erreur, mais nous ne sommes pas tous également capables de découvrir nos bévues d’un œil aussi favorable, ni de reconnaître nos fautes[1].

  1. La dernière disgrâce du lord L... en est un exemple : on lui refusa de succéder au lord Suffolk, comme Secrétaire d’État au département du Nord.